Sur la liste de diffusion 2d degré, Mathieu Karl a partagé un article de blog sur ses pratiques en Histoire-Géographie : (lien en attente d'autorisation)
Juliette a répondu qu'il s'agissait de scolastique déguisée.
S'en est suivi un débat houleux sur la forme de ce dernier message, que je passe pour ne pas relancer la machine. Ayant demandé à Juliette de plus amples explications, elle a proposé les quatre ressources suivantes :
- Dans les numéros récents de l’Éducateur, n°249 et 250, il y a des articles intitulés "sortir de la scolastique et entrer en pédagogie" de Nicolas Go, qui proposent des éléments de réponse. Dans le n°193 aussi, de juin 2009, sur la Méthode naturelle.
- extrait de la déclaration publiée sur la liste ICEM :
Si Freinet n’a pas donné de définition précise du mot « pédagogie » (il utilisait ce même mot pour désigner des pratiques opposées, pédagogie Freinet et pédagogie traditionnelle), il a en revanche souvent défini la scolastique (par exemple dans Les invariants, invariant n°10 « plus de scolastique ») :
« La scolastique, c'est une règle de travail et de vie particulière à l'École et qui n'est pas valable hors de l'École, dans les diverses circonstances de la vie auxquelles elles ne sauraient donc préparer ».
Nous proposons de dissocier les deux mots, d’un côté scolastique (qui existe dès l’apparition des scribes dans l’Antiquité), et de l’autre pédagogie. Dans ce cas, l’expression « pédagogie traditionnelle » ne convient plus, elle devient un oxymore : soit pédagogie, soit « traditionnelle » (mais qui signifie alors scolastique). En outre, avec un siècle d’existence à ce jour, la pédagogie Freinet a désormais sa propre tradition.
Disons alors que la scolastique est « la forme sociale que prennent les rapports de domination à l’école ».
Les élèves, pris dans un rapport de subordination hiérarchique, sont privés de tout pouvoir de se déterminer eux-mêmes, autrement que d’après les règles instituées par l’ordre scolaire (à l’obéissance desquelles on donne abusivement le nom d’autonomie), et ne prennent jamais part à la définition du travail et de sa valeur.
Quant à la pédagogie, c’est « l’activité propre à la relation éducative, qui porte sur le tout de l’expérience humaine dans une visée d’émancipation ».
En dépit de leur division, entre les deux, ce n’est pas noir ou blanc. Envisageons plutôt, comme l’a fait Freinet dans ses invariants avec feu rouge, orange et vert, un passage progressif de l’une à l’autre. La scolastique est notre lot commun, car c’est encore aujourd’hui le modèle institutionnel dominant dans lequel nous avons presque tous grandi, et dont nous devons nous émanciper. En ce sens, la pédagogie désigne « le mouvement réel de sortie de la scolastique ».
Pour la scolastique, il faut enseigner aux gens ce qu’ils ne connaissent pas, leur expliquer ce qu’ils ne peuvent pas comprendre. Il y a présupposé de l’ignorance, et rapport de subordination. Pour la pédagogie, les gens sont capables de produire leurs connaissances (« c’est en forgeant qu’on devient forgeron »), il y a présupposé de la capacité de n’importe qui, et rapport d’égalité."
Personnellement, je me trouve toujours trop scolastique - en particulier parce que mon horizon, mon but ultime, c'est l'autogestion. Mais dans le secondaire, avec des contraintes institutionnelles et administratives aussi fortes, est-ce qu'on peut y échapper et si oui, comment ?