Après la lecture de "comment l'école reproduit-elle les inégalités ?"
Posté : lun. 20 sept. 2021 19:54
Bonjour,
"Comment l'école reproduit-elle les inégalités", de Sébatien Goudeau, aux presses universitaire de Grenoble (très concret, plutôt facile à lire)
Ce petit livre m'a beaucoup intéressée parce qu'il permet de comprendre les mécanismes concrets qui créent les différences de réussite entre les élèves et étudiants de classes sociales différentes.
J'ai souvent lu le constat que "l'école française reproduit, voir aggrave les inégalités sociales". Et en tant qu'enseignante de bonne volonté, c'est assez insupportable comme idée. Ça se passe malgré moi, malgré nous. Dans ce livre, on comprend ce qui se joue concrètement dans la classe, et sur quoi on peut agir pour ne pas participer à ce cercle vicieux.
Je résume rapidement ce que j'ai compris comme idée principale, pour que celles et ceux qui n'ont pas lu le livre puissent participer à la discussion.
L'hypothèse de base, c'est que la culture transmise par les familles socialement favorisées est beaucoup plus proche de celle de l'école que celle transmise par les familles des classes populaires. Bon, ça, on savait. Il y a aussi l'idée, apparemment assez ancrée, que l'intelligence est innée. Donc quand on met des enfants dans une situation de mesurer leur performance scolaire en se comparant les uns les autres, les élèves qui ont appris les choses scolaires dans leur famille réussissent, et les autres moins. Ces autres en concluent "je suis nul, bête", et leur réussite s'en ressent. (Je résume rapidement.) Il y a aussi la "menace du stéréotype" : comme ils savent, inconsciemment, qu'ils vont moins bien réussir, ils réussissent moins bien.
Ce matin, en classe, j'ai vécu une situation en lien direct avec ce bouquin, qui m'a questionnée. J'aimerai bien avoir votre avis dessus.
Le contexte : créations mathématiques en classe de CE1-CE2. Je travaille avec une demi-classe, des élèves de CE1 et de CE2 sont présentes. Parmi les créations affichées, la table de multiplication par 5, sans les résultats (1x5 = , 2x5 =, 3x5 =...)
Les CE1 ne sont pas censés connaître le sens du signe x, pourtant l'un d'eux le connaît et il en est très fier (avec en plus une attitude pas du tout humble).
J'ai dit que les CE1 n'étaient pas censés connaître, j'ai fait expliquer par un CE2, mais c'était assez laborieux. D'une manière générale, pendant ces séances de création mathématiques (je débute tout juste), je m'appuie beaucoup sur ce que les enfants savent déjà. La lecture du livre de Goudeau me questionne : je m'appuie sur ce que l'école a transmis ou sur leur culture de classe (sociale) ???? Comment faire la part des choses ? En même temps, ça paraît compliqué de passer outre ce qu'ils savent, mais l'enjeu est que les autres ne se sentent pas nuls. Concrètement, je ne sais pas trop quelle posture adopter. C'est un questionnement qui peut se généraliser à plein de moments de la classe. Dans ces moments, j'hésite à prendre ma casquette de "maîtresse qui sait tout et qui explique tout", alors que j'aimerai bien justement la lâcher un peu !
Qu'en pensez-vous ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans ce questionnement et ces tâtonnements ?
"Comment l'école reproduit-elle les inégalités", de Sébatien Goudeau, aux presses universitaire de Grenoble (très concret, plutôt facile à lire)
Ce petit livre m'a beaucoup intéressée parce qu'il permet de comprendre les mécanismes concrets qui créent les différences de réussite entre les élèves et étudiants de classes sociales différentes.
J'ai souvent lu le constat que "l'école française reproduit, voir aggrave les inégalités sociales". Et en tant qu'enseignante de bonne volonté, c'est assez insupportable comme idée. Ça se passe malgré moi, malgré nous. Dans ce livre, on comprend ce qui se joue concrètement dans la classe, et sur quoi on peut agir pour ne pas participer à ce cercle vicieux.
Je résume rapidement ce que j'ai compris comme idée principale, pour que celles et ceux qui n'ont pas lu le livre puissent participer à la discussion.
L'hypothèse de base, c'est que la culture transmise par les familles socialement favorisées est beaucoup plus proche de celle de l'école que celle transmise par les familles des classes populaires. Bon, ça, on savait. Il y a aussi l'idée, apparemment assez ancrée, que l'intelligence est innée. Donc quand on met des enfants dans une situation de mesurer leur performance scolaire en se comparant les uns les autres, les élèves qui ont appris les choses scolaires dans leur famille réussissent, et les autres moins. Ces autres en concluent "je suis nul, bête", et leur réussite s'en ressent. (Je résume rapidement.) Il y a aussi la "menace du stéréotype" : comme ils savent, inconsciemment, qu'ils vont moins bien réussir, ils réussissent moins bien.
Ce matin, en classe, j'ai vécu une situation en lien direct avec ce bouquin, qui m'a questionnée. J'aimerai bien avoir votre avis dessus.
Le contexte : créations mathématiques en classe de CE1-CE2. Je travaille avec une demi-classe, des élèves de CE1 et de CE2 sont présentes. Parmi les créations affichées, la table de multiplication par 5, sans les résultats (1x5 = , 2x5 =, 3x5 =...)
Les CE1 ne sont pas censés connaître le sens du signe x, pourtant l'un d'eux le connaît et il en est très fier (avec en plus une attitude pas du tout humble).
J'ai dit que les CE1 n'étaient pas censés connaître, j'ai fait expliquer par un CE2, mais c'était assez laborieux. D'une manière générale, pendant ces séances de création mathématiques (je débute tout juste), je m'appuie beaucoup sur ce que les enfants savent déjà. La lecture du livre de Goudeau me questionne : je m'appuie sur ce que l'école a transmis ou sur leur culture de classe (sociale) ???? Comment faire la part des choses ? En même temps, ça paraît compliqué de passer outre ce qu'ils savent, mais l'enjeu est que les autres ne se sentent pas nuls. Concrètement, je ne sais pas trop quelle posture adopter. C'est un questionnement qui peut se généraliser à plein de moments de la classe. Dans ces moments, j'hésite à prendre ma casquette de "maîtresse qui sait tout et qui explique tout", alors que j'aimerai bien justement la lâcher un peu !
Qu'en pensez-vous ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans ce questionnement et ces tâtonnements ?