La « zone proximale de freinetisation ».
- Hervé Allesant
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La « zone proximale de freinetisation ».
Suite à un message de Daniel, qui a le talent de la formule, j’aimerais qu’on partage ici ce qui a fait qu’un jour, on a osé sortir de notre zone de confort, en tant qu’enseignant, et qui a fait que tout a coup, dans la classe ou ailleurs, ça a fonctionné alors que jusque-là, on n’aurait jamais fait comme ça.
Quel événement, quel contexte, quelle façon de faire, vous a fait basculer vers la méthode naturelle et vous a permis de changer vos pratiques au point qu’il y a eu un avant et un après ?
Quel événement, quel contexte, quelle façon de faire, vous a fait basculer vers la méthode naturelle et vous a permis de changer vos pratiques au point qu’il y a eu un avant et un après ?
GD13 - membre du comité d’animation - chantier BTj - chantier des outils informatiques - Enseignant en classe unique urbaine à Marseille.
- Hervé Allesant
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Re: La « zone proximale de freinetisation ».
Pour moi, c’est la pratique du « troc de trucs », inspiré des ateliers et réseaux d’échanges réciproques de savoirs et un jour, j’ai eu le temps d’observer les enfants qui, sans la contrainte, le contrôle du maître, apprenaient, partageaient, coopérait. Je garantissais juste le cadre et le matériel, ils se chargeaient de le peupler de savoirs.
Je le faisais le vendredi après-midi, mais désormais, c’est toutes les après-midis !!
Je le faisais le vendredi après-midi, mais désormais, c’est toutes les après-midis !!
GD13 - membre du comité d’animation - chantier BTj - chantier des outils informatiques - Enseignant en classe unique urbaine à Marseille.
- Daniel Gostain
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Re: La « zone proximale de freinetisation ».
Cette ZPF, j'ai essayé de la proposer aux enseignants non Freinet à travers le blog de la "classe-plaisir" et ses moments-champagne, auquel un grand nombre de membres de l'ICEM ont contribué : une manière non injonctive de démontrer que cette approche, notre approche, était accessible à tout un chacun.
Quant à ma zone proximale personnelle de freinetisation, cette voie d'accès qui un jour m'a fait dire que j'étais un enseignant Freinet - à ma manière ;) - c'est la zone de l'expression : faire en sorte que les enfants puissent s'exprimer, par le "Je fais partager", par les textes libres, par les ateliers philo/psycho, par les moments de débats à partir des questions des enfants, entre autres.
Chacun sa ZPF !
Daniel
Quant à ma zone proximale personnelle de freinetisation, cette voie d'accès qui un jour m'a fait dire que j'étais un enseignant Freinet - à ma manière ;) - c'est la zone de l'expression : faire en sorte que les enfants puissent s'exprimer, par le "Je fais partager", par les textes libres, par les ateliers philo/psycho, par les moments de débats à partir des questions des enfants, entre autres.
Chacun sa ZPF !
Daniel
Daniel Gostain, enseignant en RASED, aide relationnelle, membre du GD 75, Groupe communication
- Nicolas Bernard
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Re: La « zone proximale de freinetisation ».
Pour ma part un événement important pour moi aura été cet après-midi où la petite Angelika, qui était bien peu épanouie à l'école, a tripoté le microscope qui était à disposition. Nous travaillions à autre chose avec la classe, autre chose dont je n'ai aucun souvenir bien entendu, et elle est restée avec son microscope, à chercher à comprendre son fonctionnement. Je l'ai laissé faire en l'observant du coin de l’œil, je crois bien qu'elle n'était même pas consciente de ne pas être avec nous, elle était juste a fond dans sa recherche, dans son questionnement, c'était beau à voir. Après elle a compris son fonctionnement et elle était drôlement contente, son sourire ne l'a plus quittée, si ça trouve maintenant qu'elle est au collège elle l'a encore...
J'en garde un souvenir très fort de cet après-midi...
J'en garde un souvenir très fort de cet après-midi...
Nicolas Bernard,
école Mandela Château-Renault
GD37
école Mandela Château-Renault
GD37
- Jean Teissier
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- Enregistré le : lun. 3 mai 2021 17:46
Re: La « zone proximale de freinetisation ».
De mon côté, j'ai du mal à isoler un moment de bascule.
J'ai l'impression d'en vivre plusieurs chaque année.
(Il faut dire que je passe pas mal de temps à les attendre et les chercher : ils constituent un peu mes phares et mes garanties qu'il se passe effectivement des "choses vivantes" dans la classe).
Ils n'ont pas toujours le même visage.
Il y a ceux qui se jouent hors classe, lors d'une rencontre.
Des pans entiers de mon univers de sens, tout engoncés de hiérarchies, s'en sont trouvés dévoilés et mis en cause : il était possible de vivre hors de ces cadres où soit on décide, soit on obéit. Il existait donc des groupes où la question n'était pas tant de déléguer le pouvoir à certaines ou certains mais de prendre des responsabilités (certaines responsabilités parmi d'autres) au nom de ce qu'on peut et veut pour les autres...
Il y a aussi, bien sûr, ceux qui se jouent en classe.
Pour moi, à chaque fois, cela prend la forme d'une prise de conscience :
Il m'a fallu deux mois pour réaliser qu'il se jouait, là, à chaque fois, quelque chose de fort pour tout le groupe. Deux mois... et plus d'un "moment-champagne" :
(...ce jour où la gamine la plus terrifiée du monde nous a offert une texte en toilettage ; ce jour où le gamin le plus égocentré du groupe, lors de la co-réécriture du texte qu'il a proposé, hésite... puis choisis la version d'un autre plutôt que la sienne ; ce jour où un de mes "j'ai-pas-d'idée" se met à écrire en s'emparant du thème d'un autre, ouvrant ainsi, mine de rien , la voie à des reprises, co-écritures et écrits-miroirs au sein du groupe : esquisse d'une culture partagée...etc.)
Dans l'école, les accueils se font en classe. Les élèves arrivent au compte-gouttes. Avec ma collègue, nous avions choisi de leur donner un travail à faire en autonomie, lorsqu'ils arrivaient. Un travail, le même pour toutes et tous : le matin la fiche du "chaque jour compte", l'après-midi lecture d'un livre de la bibliothèque de classe.
Évidemment, des écarts se sont faits jour : entre celles et ceux qui ne pouvaient pas entrer dans le travail imposé et ceux et celles qui en sortaient à toute vitesse, tellement ce travail leur était devenu simple et creux... qui en tirait profit ?
Nous avons fini par transformer ces temps d'accueil en temps "d'ateliers"... qui ressemblent, en fait, à des temps de plan de travail collectif : les enfants s'inscrivent à la forme de travail qu'ils et elles souhaitent mener pendant la semaine. Que des formes de travail pouvant (parfois devant) donner lieu à partage aux autres :
(préparer une lecture aux autres / préparer un conte pour le cercle de contes / faire une création mathématique / une création musicale / un dessin libre / avancer les illustrations de nos recueils en cours / préparer la promenade du vendredi / proposer une mise en œuvre concrète pour les projets adoptés en conseil (etc)... ou simplement avancer sur leurs contrats de travail personnels).
Ça a été le changement le plus impactant de cette année. Comme un torrent libéré par la rupture d'une digue, les enfants se sont emparés très vite de ces possibilités. Des possibilités qui ont irriguées, réinjectées du sens à bien des pratiques de classe (conseil, promenade, cercle de contes, ou même séance de maths), auparavant trop isolées et ponctuelles pour pouvoir faire souffle.
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Mon message est bien trop long mais je voudrais mentionner une dernière expérience.
Celle-ci n'est pas la mienne mais celle d'une collègue de mon école qui, venant à une rencontre de GD, en a été contente et l'a exprimé d'une formule qui m'est restée :
Ça m'a frappé ce truc-là. Je trouve que ça dit beaucoup de ce qui l'empêchait, elle , d'approcher plus près :
Si vous avez eu, un jour, l'occasion d'énoncer un lien (pédagogique, syndicale, politique) entre ce qui se passe dans votre école et ce qui se passe en-dehors, vous connaissez peut-être ce sentiment d'être regardé comme si vous veniez de renverser toutes les tables pour construire une barricade...
Mais je crois qu'elle est plus profonde que ça :
Le geste de passer un samedi ou un bout de vacances à "parler boulot" avec d'autres détonne déjà et crée une distance d'avec "la norme".
(Il n'est pas impossible que cette norme soit d'isoler le temps de travail de son temps personnel qui se trouverait ainsi, de fait, réservé à la famille ou au loisir).
Toute militant.e suscite, par défaut, un voile de peur et de honte.
Quelque part, il suffirait de passer ce voile pour que peur et honte commencent à disparaître comme des illusions.
Mais la question est précisément : comment inciter mes proches à franchir ce voile ?
Je n'ai pas la réponse.
Je sais juste que, dans le cas de cette collègue, il y avait, dans cette rencontre,par-delà son voile, des personnes qu'elle appréciait : moi (un peu) et sa super amie de longue date (surtout). Une amie qui allait bientôt déménager hors du département.
Cette rencontre était, peut-être avant tout, une occasion de la voir encore avant son départ.
J'ai l'impression d'en vivre plusieurs chaque année.
(Il faut dire que je passe pas mal de temps à les attendre et les chercher : ils constituent un peu mes phares et mes garanties qu'il se passe effectivement des "choses vivantes" dans la classe).
Ils n'ont pas toujours le même visage.
Il y a ceux qui se jouent hors classe, lors d'une rencontre.
- Je me souviens du premier Congrès où je suis allé (à Grenoble).
- Je me souviens d'autant plus du premier stage autogéré auquel j'ai participé avec la FREM-CE.
Des pans entiers de mon univers de sens, tout engoncés de hiérarchies, s'en sont trouvés dévoilés et mis en cause : il était possible de vivre hors de ces cadres où soit on décide, soit on obéit. Il existait donc des groupes où la question n'était pas tant de déléguer le pouvoir à certaines ou certains mais de prendre des responsabilités (certaines responsabilités parmi d'autres) au nom de ce qu'on peut et veut pour les autres...
Il y a aussi, bien sûr, ceux qui se jouent en classe.
Pour moi, à chaque fois, cela prend la forme d'une prise de conscience :
- prise de conscience de ce qui est déjà-là et que je ne voyais pas ou mal ou trop peu.
Il m'a fallu deux mois pour réaliser qu'il se jouait, là, à chaque fois, quelque chose de fort pour tout le groupe. Deux mois... et plus d'un "moment-champagne" :
(...ce jour où la gamine la plus terrifiée du monde nous a offert une texte en toilettage ; ce jour où le gamin le plus égocentré du groupe, lors de la co-réécriture du texte qu'il a proposé, hésite... puis choisis la version d'un autre plutôt que la sienne ; ce jour où un de mes "j'ai-pas-d'idée" se met à écrire en s'emparant du thème d'un autre, ouvrant ainsi, mine de rien , la voie à des reprises, co-écritures et écrits-miroirs au sein du groupe : esquisse d'une culture partagée...etc.)
- prise de conscience d'un blocage, d'une limite imposée au groupe : une limite périmée, qui entrave et n'a plus lieu d'être.
Dans l'école, les accueils se font en classe. Les élèves arrivent au compte-gouttes. Avec ma collègue, nous avions choisi de leur donner un travail à faire en autonomie, lorsqu'ils arrivaient. Un travail, le même pour toutes et tous : le matin la fiche du "chaque jour compte", l'après-midi lecture d'un livre de la bibliothèque de classe.
Évidemment, des écarts se sont faits jour : entre celles et ceux qui ne pouvaient pas entrer dans le travail imposé et ceux et celles qui en sortaient à toute vitesse, tellement ce travail leur était devenu simple et creux... qui en tirait profit ?
Nous avons fini par transformer ces temps d'accueil en temps "d'ateliers"... qui ressemblent, en fait, à des temps de plan de travail collectif : les enfants s'inscrivent à la forme de travail qu'ils et elles souhaitent mener pendant la semaine. Que des formes de travail pouvant (parfois devant) donner lieu à partage aux autres :
(préparer une lecture aux autres / préparer un conte pour le cercle de contes / faire une création mathématique / une création musicale / un dessin libre / avancer les illustrations de nos recueils en cours / préparer la promenade du vendredi / proposer une mise en œuvre concrète pour les projets adoptés en conseil (etc)... ou simplement avancer sur leurs contrats de travail personnels).
Ça a été le changement le plus impactant de cette année. Comme un torrent libéré par la rupture d'une digue, les enfants se sont emparés très vite de ces possibilités. Des possibilités qui ont irriguées, réinjectées du sens à bien des pratiques de classe (conseil, promenade, cercle de contes, ou même séance de maths), auparavant trop isolées et ponctuelles pour pouvoir faire souffle.
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Mon message est bien trop long mais je voudrais mentionner une dernière expérience.
Celle-ci n'est pas la mienne mais celle d'une collègue de mon école qui, venant à une rencontre de GD, en a été contente et l'a exprimé d'une formule qui m'est restée :
"En fait, vous êtes des gens normaux"
Ça m'a frappé ce truc-là. Je trouve que ça dit beaucoup de ce qui l'empêchait, elle , d'approcher plus près :
- Il y a dans la militance (Freinet ou autre) une anormalité pour ceux et celles qui ne sont pas de cette militance-là.
Si vous avez eu, un jour, l'occasion d'énoncer un lien (pédagogique, syndicale, politique) entre ce qui se passe dans votre école et ce qui se passe en-dehors, vous connaissez peut-être ce sentiment d'être regardé comme si vous veniez de renverser toutes les tables pour construire une barricade...
Mais je crois qu'elle est plus profonde que ça :
Le geste de passer un samedi ou un bout de vacances à "parler boulot" avec d'autres détonne déjà et crée une distance d'avec "la norme".
(Il n'est pas impossible que cette norme soit d'isoler le temps de travail de son temps personnel qui se trouverait ainsi, de fait, réservé à la famille ou au loisir).
- Cette anormalité accuse leur normalité : elle a, même malgré elle, quelque chose d'effrayant, mais aussi de culpabilisant.
Toute militant.e suscite, par défaut, un voile de peur et de honte.
Quelque part, il suffirait de passer ce voile pour que peur et honte commencent à disparaître comme des illusions.
Mais la question est précisément : comment inciter mes proches à franchir ce voile ?
Je n'ai pas la réponse.
Je sais juste que, dans le cas de cette collègue, il y avait, dans cette rencontre,par-delà son voile, des personnes qu'elle appréciait : moi (un peu) et sa super amie de longue date (surtout). Une amie qui allait bientôt déménager hors du département.
Cette rencontre était, peut-être avant tout, une occasion de la voir encore avant son départ.
Jean Teissier
GD 69 - FREM-CE - Secteur Étude du milieu - Secteur Corps - CA de l'ICEM
GD 69 - FREM-CE - Secteur Étude du milieu - Secteur Corps - CA de l'ICEM
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- Enregistré le : mar. 4 mai 2021 14:32
Re: La « zone proximale de freinetisation ».
J'peux pas vraiment dire à quand remonte mon entrée en "zone proximale de freinetisation" (ayant commis un travail qui s'intitulait "De la théorie de Lev Vygotski à la pratique de Celestin Freinet", j'aime vraiment beaucoup la formule). Comme j'aime à le dire, je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit (et le physique est de paire ) puisque par un heureux hasard, j'ai rencontré la pédagogie à 2 ans et demi ! 3 années de maternelle et 6 de primaires plus tard, j'étais déjà bien dans la zone, piqué à la joie du texte libre, revendicatif à fond au conseil de classe (les profs du secondaire ont moyennement apprécié ensuite).
Par contre, j'ai envie d'ajouter ici mon parcours d'instituteur avec les mathématiques. Comme j'étais tombé dans la marmite donc, j'ai toujours usé des fichiers num op et autres cahiers de techniques opératoires en classe et je touchais aussi dès les premières années aux balades mathématiques. Par contre, il me manquait toujours quelque chose pour rendre les mathématiques plus vivantes au-delà des calculs de caisse de coopérative, de frais de correspondances, de voyage-échange... J'ai découvert les créations mathématiques à un congrès (Strasbourg si mes souvenirs sont bons) et j'ai tout de suite perçu que cela apporterait un plus... et donc si les créations ont rejoint ma zone proximale de freinetisation cette année-là, je n'y arrivais pas, je n'osais me lancer dans la pratique. Deux ans plus tard, j'ai fait pas mal d'ateliers math au congrès avec le but de me lancer en septembre, mais rien n'y a fait ... il a encore fallut attendre deux ans et une fois de plus hanter les ateliers "créations math" pour enfin oser timidement l'année suivante. Comme quoi le "proximale" peut durer un certain temps voir un temps certain
Par contre, j'ai envie d'ajouter ici mon parcours d'instituteur avec les mathématiques. Comme j'étais tombé dans la marmite donc, j'ai toujours usé des fichiers num op et autres cahiers de techniques opératoires en classe et je touchais aussi dès les premières années aux balades mathématiques. Par contre, il me manquait toujours quelque chose pour rendre les mathématiques plus vivantes au-delà des calculs de caisse de coopérative, de frais de correspondances, de voyage-échange... J'ai découvert les créations mathématiques à un congrès (Strasbourg si mes souvenirs sont bons) et j'ai tout de suite perçu que cela apporterait un plus... et donc si les créations ont rejoint ma zone proximale de freinetisation cette année-là, je n'y arrivais pas, je n'osais me lancer dans la pratique. Deux ans plus tard, j'ai fait pas mal d'ateliers math au congrès avec le but de me lancer en septembre, mais rien n'y a fait ... il a encore fallut attendre deux ans et une fois de plus hanter les ateliers "créations math" pour enfin oser timidement l'année suivante. Comme quoi le "proximale" peut durer un certain temps voir un temps certain
Alain Buekenhoudt - Bruxelles
Mouvement Éducation populaire - CEMEA - APED
Mouvement Éducation populaire - CEMEA - APED
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- Enregistré le : lun. 17 mai 2021 11:29
Re: La « zone proximale de freinetisation ».
Je suis entrée dans la zone proximale pour la meilleure raison qui soit : l'amour que je portais à un groupe particulier.
Cette année-là, il étaient en 4e, je les avais pour la deuxième année en latin. Et les choses étaient en train de tourner au vinaigre... ces élèves autrefois si charmants peinaient désormais à se supporter les uns les autres : la colère et l'agressivité montaient. Alors j'ai cherché, dans tous les sens, ce que je pouvais faire, et dans mes lectures, il y avait un petit livre vert signé Catherine Chabrun...
Je n'avais rien à perdre. J'ai opté pour le plan de travail (une entrée fréquente pour les profs du secondaire, je crois) et, sans le savoir, pour le texte libre. J'ai conçu les choses pour mes 4e, mais aussi pour une des classes de 5e que j'avais en français, qui brillait par son inertie.
En français, j'ai vu ces élèves se mettre au travail, ce que je croyais impossible. En latin, j'ai découvert que le thème latin pouvait passionner des collégiens. Dans mon groupe chéri, la tension est redescendue, le dialogue renoué. J'ai beaucoup tâtonné et hésité ensuite ; jusqu'au jour, 6 ou 7 ans plus tard, j'ai fini par me dire : "OK, assume maintenant, et vas-y à fond."
Cette année-là, il étaient en 4e, je les avais pour la deuxième année en latin. Et les choses étaient en train de tourner au vinaigre... ces élèves autrefois si charmants peinaient désormais à se supporter les uns les autres : la colère et l'agressivité montaient. Alors j'ai cherché, dans tous les sens, ce que je pouvais faire, et dans mes lectures, il y avait un petit livre vert signé Catherine Chabrun...
Je n'avais rien à perdre. J'ai opté pour le plan de travail (une entrée fréquente pour les profs du secondaire, je crois) et, sans le savoir, pour le texte libre. J'ai conçu les choses pour mes 4e, mais aussi pour une des classes de 5e que j'avais en français, qui brillait par son inertie.
En français, j'ai vu ces élèves se mettre au travail, ce que je croyais impossible. En latin, j'ai découvert que le thème latin pouvait passionner des collégiens. Dans mon groupe chéri, la tension est redescendue, le dialogue renoué. J'ai beaucoup tâtonné et hésité ensuite ; jusqu'au jour, 6 ou 7 ans plus tard, j'ai fini par me dire : "OK, assume maintenant, et vas-y à fond."
Marjorie Cohen
Lettres Classiques
CLG Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Beaucamps-le-Vieux (Somme)
Lettres Classiques
CLG Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Beaucamps-le-Vieux (Somme)
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- Messages : 2
- Enregistré le : mer. 23 juin 2021 09:43
Re: La « zone proximale de freinetisation ».
Bonjour Jean,Jean Teissier a écrit :"En fait, vous êtes des gens normaux"
Ça m'a frappé ce truc-là. Je trouve que ça dit beaucoup de ce qui l'empêchait, elle , d'approcher plus près :
- Il y a dans la militance (Freinet ou autre) une anormalité pour ceux et celles qui ne sont pas de cette militance-là.
futur T1 de 56 ans après une reconversion pro choisie, je fais connaissance avec le mouvement Freinet, et m'essaierai au Quoi de Neuf (et + si possible) avec des MS/GS l'an prochain. Je voudrais juste rebondir sur ton interrogation:
- d'abord, il me semble que beaucoup de pratiques issues de Freinet ont été intégrées par la masse des PE;
- naturellement, sans avoir une conscience claire de leur origine;
- ensuite, la militance en général fait peur, car le militant semble quelqu'un qui veut vous faire changer - ce que nous détestons tous !
- et certains dont je suis se méfient des ensembles théoriques bien construits, qui historiquement se sont si souvent révélés une fausse croyance; alors que nous apprécions avoir des propositions pratiques à tester, et à partir desquelles nous pouvons comprendre qu'il existe d'autres choses.
Donc ma suggestion: ne pas mettre l'étiquette Freinet en avant-plan, mais en second. D'abord proposer du faisable, ensuite proposer d'aller plus loin. En quelque sorte des ateliers libres pour PE...
Bien cordialement, et avec beaucoup de remerciements pour tout ce qui est proposé.
Pierre,
débutant,
MS/GS dans le Val de Marne en 2021-22
débutant,
MS/GS dans le Val de Marne en 2021-22
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- Messages : 3
- Enregistré le : mar. 4 mai 2021 19:28
Re: La « zone proximale de freinetisation ».
La ZPF, je crois que j'y suis tombée dedans avant d'être enseignante, quand j'étais éducatrice environnement. C'était il y a presque 20 ans. A l'époque, je travaillais pour une association qui accueillait des classes de découvertes. La plupart étaient très classiques mais d'autres fonctionnaient en pédagogie de projet. Ces classes étaient magiques : les enfants construisaient leur séjour au fur et à mesure de leurs questionnements, tâtonnaient, exploraient puis communiquaient leurs trouvailles aux autres. En discutant avec les enseignants qui venaient sur ces séjours particuliers j'ai entendu pour la première fois parler de pédagogie Freinet. Alors, quand j'ai passé le concours il y a presque 10 ans, j'ai recherché leurs traces et je suis ravie de les avoir trouvés.