Je l'avais déjà essayé quelques fois...le toilettage de texte, l'amélioration du texte d'un.e élève par la classe. Mes élèves francophones de 15-18 ans apprennent le néerlandais (en Belgique) dans mon cours. Pas possible d'avoir l'intérêt de tout le monde (+-23 élèves). C'était un processus long et compliqué.
J'ai essayé un autre fonctionnement qui a bien marché. Je crois que l'idée vient d'un des témoignages du nouveau livre "S'engager en pédagogie Freinet au second degré".
Voici le déroulement du cours:
- Les élèves écrivent un texte libre pendant 30-40 minutes. Iels peuvent demander des traductions, écrire des mots en français ou dans d'autres langues si ça les aide à avancer,...La forme est libre, le contenu est libre, la longueur est libre,...Le moment d'écriture est imposé cette première fois, mais iels peuvent ne pas écrire. Il y a le silence en classe, le chuchotement est autorisé.
- En groupe de 4 personnes (toujours fait de manière aléatoire), chacun.e lit son texte aux autres. Ensuite, les élèves choisissent un texte qu'iels vont améliorer. Les autres peuvent faire des propositions au niveau du contenu ou de la langue pour améliorer le texte, mais c'est l'auteur.ice qui décide si iel accepte ces propositions.
- En grand groupe, chaque groupe peut lire son texte à la classe. J'ai proposé de poser quelques questions à la classe après la lecture pour voir s'iels l'avaient bien compris.
Quelques moments de réussite :
- Le groupe propose de choisir le texte d'Alyssia qui a écrit trois lignes. Elle, une élève qui a peu de confiance en ses capacités, s'oppose en disant "mais non, mon texte est nul!". Thomas répond tout de suite "mais non c'est pas nul! Rohlala Alyssia, allez!". Il montre qu'il trouve qu'elle doit avoir plus de confiance en elle, que son texte n'est pas nul, qu'il la soutient.
- Les applaudissements après la lecture d'un texte
- Dans un groupe, quand on discute du choix de texte à améliorer, on dit "J'ai bien aimé le texte de Théo", qui redouble son année et qui s'est bien concentré cette heure-ci pendant l'écriture du texte. Il est visiblement fier.
- Dans un autre groupe, j'entends une interaction entre deux élèves. Alessio, qui semble avoir plus de difficultés en langues, vient de lire son texte. Arthur lui dit "t'as dit que t'étais nul en néerlandais, mais t'as écrit plus que moi". Le groupe lui disait qu'il était trop modeste, "comme ces gens dans les écoles tradi qui disent ne pas avoir étudié pour un test et ensuite ont 18/20". Des compliments formulés par des ados..
Beaucoup de ces jeunes manquent de la confiance en eux, et en leur capacités. J'en ai vu un peu gêné.é.s de lire leurs textes devant les autres du groupe. Iels ont été bienveillant.e.s. J'ai trouvé que c'était un moment valorisant.
Je ne suis pas ou très peu intervenue. Je voulais que le texte soit d'abord le résultat des connaissances des élèves. J'avais choisi d'avoir ce moment de partage à la fin du cours et donc ces textes n'étaient pas sans fautes. Est-ce que c'est un problème qu'iels lisent et entendent des textes avec des fautes? Après ce moment d'écriture, les élèves peuvent améliorer et faire valider leurs textes libres en travail autonome (T.A./T.I.). A ce moment là, iels devront passer par moi pour une correction.
Qu'en pensez-vous?
N'hésitez pas à proposer d'autres idées pour le toilettage de texte!
Toilettage de texte (langues vivantes)
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Toilettage de texte (langues vivantes)
membre d'Education populaire (mouvement belge francophone) - professeure de néerlandais dans une école secondaire Freinet à Bruxelles - niveau lycée
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Re: Toilettage de texte (langues vivantes)
Coucou Alessandra,
j'aime bien cet approche qui me parait vraiment adapté pour des adolescents. (et probablement aussi possible avec des adultes et peut-être même avec des enfants)
C'est super de lire ces exemples de réussite, compliments, applaudissements... Génial, surtout qu'en effet la langue néerlandais en général leur fait peur, n'est pas leur sujet préféré...
Tu dis: "J'avais choisi d'avoir ce moment de partage à la fin du cours et donc ces textes n'étaient pas sans fautes. Est-ce que c'est un problème qu'iels lisent et entendent des textes avec des fautes? Après ce moment d'écriture, les élèves peuvent améliorer et faire valider leurs textes libres en travail autonome (T.A./T.I.). A ce moment là, iels devront passer par moi pour une correction."
Je suis d'accord avec toi. En général j'évite que les élèves entendent (surtout lisent) des erreurs sans correction immédiate par un élève ou par moi. Mais ici cela ne gène pas je crois s'il y a encore quelques erreurs, nous sommes au milieu d'un processus et cela motive aussi la correction en effet après dans le TA. Peut-être cela dépend de quels types d'erreurs et combien. Si la lecture à voix haute ne souffre pas trop, si c'est agréable à écouter et pas génant pour l'auteurice.
Dans certains cas, je pourrais aussi m'imaginer que je parcoure vite moi-même les textes qui vont être lus à voix haute.
Mais peut-être les textes de tes élèves n'ont pas besoin de ça. Sans voir les textes, c'est difficile à m'imaginer les détails.
A suivre dans notre prochain échange le 1 octobre!
Question: pendant les 30-40 minutes ils ne travaillent qu'au texte libre? Ou ils peuvent choisir autre choses aussi?
(S'il y a des interessés ici qui ont envie de participer à nos dimanches réunion zoom sur l'apprentissage des langues, fait signe à Alessandra ou Katrien)
j'aime bien cet approche qui me parait vraiment adapté pour des adolescents. (et probablement aussi possible avec des adultes et peut-être même avec des enfants)
C'est super de lire ces exemples de réussite, compliments, applaudissements... Génial, surtout qu'en effet la langue néerlandais en général leur fait peur, n'est pas leur sujet préféré...
Tu dis: "J'avais choisi d'avoir ce moment de partage à la fin du cours et donc ces textes n'étaient pas sans fautes. Est-ce que c'est un problème qu'iels lisent et entendent des textes avec des fautes? Après ce moment d'écriture, les élèves peuvent améliorer et faire valider leurs textes libres en travail autonome (T.A./T.I.). A ce moment là, iels devront passer par moi pour une correction."
Je suis d'accord avec toi. En général j'évite que les élèves entendent (surtout lisent) des erreurs sans correction immédiate par un élève ou par moi. Mais ici cela ne gène pas je crois s'il y a encore quelques erreurs, nous sommes au milieu d'un processus et cela motive aussi la correction en effet après dans le TA. Peut-être cela dépend de quels types d'erreurs et combien. Si la lecture à voix haute ne souffre pas trop, si c'est agréable à écouter et pas génant pour l'auteurice.
Dans certains cas, je pourrais aussi m'imaginer que je parcoure vite moi-même les textes qui vont être lus à voix haute.
Mais peut-être les textes de tes élèves n'ont pas besoin de ça. Sans voir les textes, c'est difficile à m'imaginer les détails.
A suivre dans notre prochain échange le 1 octobre!
Question: pendant les 30-40 minutes ils ne travaillent qu'au texte libre? Ou ils peuvent choisir autre choses aussi?
(S'il y a des interessés ici qui ont envie de participer à nos dimanches réunion zoom sur l'apprentissage des langues, fait signe à Alessandra ou Katrien)
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- Enregistré le : lun. 17 mai 2021 11:29
Re: Toilettage de texte (langues vivantes)
Bonjour Alessandra,
Cela pose-t-il problème que les élèves entendent des erreurs ? J'ai envie de répondre : ça dépend de leur niveau, et aussi de la classe - mais apparemment ta classe est très bienveillante. En effet, lorsque tes élèves sont avancés, ils vont être capables de se signaler des erreurs et c'est beaucoup plus fécond pour eux tous que si c'est toi qui le fais - à condition, là encore, qu'une grande confiance entre eux existe.
C'est plus délicat pour des grands débutants : il faut favoriser l'expression pour créer cette confiance, mais elle peut être très fautive, et il n'y a personne qui puisse corriger... Si ça te semble gênant, il faut corriger le texte avant lecture ; mais tu devras alors réduire le temps d'écriture, afin d'avoir des textes plus courts à lire.
Pour ma part, je choisis de laisser les erreurs et les fautes de prononciation : mais je les relève sur mon cahier, et j'en fais le point de ma leçon suivante. Si tu possèdes S'engager en pédagogie Freinet, tu trouveras ça dans mon propre témoignage sur l'étude de la langue latine. Ainsi, je trouve que les élèves prennent d'avantage confiance en eux ; et moi, je peux mesurer leurs progrès quand je constate que ces erreurs ne se font plus. Comme l'a dit Katrien, nous sommes au milieu d'un processus ; je ne cherche pas la perfection immédiate, mais l'amélioration constante. Dire, montrer à nos élèves que faire des erreurs est normal, et que cela ne doit pas nous arrêter, me semble une chose essentielle.
Cela pose-t-il problème que les élèves entendent des erreurs ? J'ai envie de répondre : ça dépend de leur niveau, et aussi de la classe - mais apparemment ta classe est très bienveillante. En effet, lorsque tes élèves sont avancés, ils vont être capables de se signaler des erreurs et c'est beaucoup plus fécond pour eux tous que si c'est toi qui le fais - à condition, là encore, qu'une grande confiance entre eux existe.
C'est plus délicat pour des grands débutants : il faut favoriser l'expression pour créer cette confiance, mais elle peut être très fautive, et il n'y a personne qui puisse corriger... Si ça te semble gênant, il faut corriger le texte avant lecture ; mais tu devras alors réduire le temps d'écriture, afin d'avoir des textes plus courts à lire.
Pour ma part, je choisis de laisser les erreurs et les fautes de prononciation : mais je les relève sur mon cahier, et j'en fais le point de ma leçon suivante. Si tu possèdes S'engager en pédagogie Freinet, tu trouveras ça dans mon propre témoignage sur l'étude de la langue latine. Ainsi, je trouve que les élèves prennent d'avantage confiance en eux ; et moi, je peux mesurer leurs progrès quand je constate que ces erreurs ne se font plus. Comme l'a dit Katrien, nous sommes au milieu d'un processus ; je ne cherche pas la perfection immédiate, mais l'amélioration constante. Dire, montrer à nos élèves que faire des erreurs est normal, et que cela ne doit pas nous arrêter, me semble une chose essentielle.
Marjorie Cohen
Lettres Classiques
CLG Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Beaucamps-le-Vieux (Somme)
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Beaucamps-le-Vieux (Somme)