Retour de Congrès (Nanterre, 2023)

[Aude-Helene BLECON]

Bonjour à toustes
 Pour cette année, j'ai pris deux grandes résolutions : sauter vraiment  en pédagogie des Freinet, et accentuer la coloration féministe de mes cours.

Résolutions parce que ça me travaille depuis quelques années, et que ce que je fais en cours ne me rassasie pas . Sauter en PF, chez moi, ce n'est pas le problème. Par contre, faire en sorte que le saut dure vraiment, s'ancre  dans une pratique au long cours, ça s'est nettement plus compliqué.

Pour cette année, j'ai trouvé quelques parachutes.

D'abord, le Congrès m'a surboostée et m'a donné des ailes. Je crois avoir compris le processus de la méthode naturelle, du tâtonnement expérimental. La lecture de "S'engager en péda Freinet au second degré" a conforté ma compréhension.

 C'est difficile à mettre en mots pour convaincre puisque les mots, je les avais déjà, mais que ça restait très nébuleux. Tentons une explication : on commence par donner la possibilité aux élèves de dire ce qu'ils ont à dire ( texte libre / impro théâtrale à partir d'un thème qu'elles et ils se donnent, par exemple ) . Les élèves présentent ce premier état de recherche à la classe, qui commente, propose des pistes : moments d'écritiques*  coopératives. Avec le soutien de ces critiques, constructives et questionnantes, le groupe se remet au travail. Plus tard, à force d'aller-retours entre "écritiques" et re-travail, le texte, la scène sont enrichies, densifiées, et même "magnifiées". On peut les présenter / les publier pour un public plus large car on en est fièr·es.

C'est pour ça qu'il est tellement éclairant , ce bouquin : parce qu'il est foisonnant d'exemples authentiques de pratiques, d'essais. J'ai erré dedans, mais sans me perdre : des témoignages des textes libres aux recherches libres, des explications d'organisation aux Conseils, des pistes d'évaluations au promenades ... Et après avoir lu les témoignages, j'ai lu la partie "repères" ... Un butinage, en somme.

 Pourquoi, jusqu'ici, je remonte toujours dans l'avion du cours trad ? La réponse m'a sauté aux yeux dans un échange mail que j'ai lu sur cette liste : c'est qu'en réalité, je n'ai pas donné de valeur suffisamment forte au texte libre, j'ai eu tendance à le reléguer, selon le temps qui nous restait.  Pourtant , chaque séance de Texte libre a été un foisonnement de pépites, de satisfaction : enfin, je sens une classe qui travaille ! et je sens que les élèves y trouvent du sens ! Alors, comment en faire vraiment plus souvent ? C'est simple : organiser  l'emploi du temps,  ritualiser la pratique, l'imposer par un cadre que l'on se pose. Se dire que ce qui passera à la trappe ( si manque de temps, grève inopinée, stage syndical ...), ce sera le reste. Le dire, c'est comme enfoncer une porte ouverte, et pourtant ...

Alors cette année commencera par des textes libres, qui entrecroiseront quelques ateliers d'écriture à contrainte, avec écarts vers des lectures de textes-échos, le tout soutenu par un journal de cours, organisé par les Conseils d'élèves et des jeux coop. Tant que ça ne roule pas confortablement, je ne mettrai rien d'autre en place. Na. 
La teinte violette dans tout ça ? J'ai lu aussi "Pour une pédagogie féministe" d'Audrey Chenu et Veronique Decker. Là aussi, essentiellement des témoignages concrets, en forme d'abécédaire, et plein de ressources au fil de l'eau. Mais comme ça viendra sans doute un peu plus tard, j'essaierai de prendre un temps pour le raconter. Juste, parce que c'est tellement bon, : 


Un court-métrage sur la majorité opprimée d' Eleonore Pourriat : inversion domination genre

https://www.youtube.com/watch?v=kpfaza-Mw4I&ab_channel=eleonorepourriat1
Et ce délicieux "Ils nous prennent pour des contes", avec des collégiens de Seins Saint Denis :


https://www.youtube.com/watch?v=H6IEIZa-88g&ab_channel=Conseild%C3%A9partementaldelaSeine-Saint-Denis

Enfin, l'atelier "écrire sur sa pratique" m'a fait prendre conscience que mon blocage d'écriture n'a pas d'autres sources que celle d'une inhibition de profe, pas encore affranchie de "la noblesse des belles lettres", sensée être réservée à d'autres. Foutaises ! Emancipation !!!