Texte libre collectif

[Marlène Pineau]

Sur la liste de diffusion, Patricia posait cette question :
"Qu'appelez-vous un texte libre collectif? Un texte écrit en groupe ou un texte écrit par la classe? Comment procédez-vous? "
Ma réponse :
Voici deux moments : l'expérience de cette pratique en tant qu'adulte, puis avec des élèves de 1ère en juin dernier.
La pratique adulte se déroulait lors de la dernière fédération de stages (en...2020 ?) dans un groupe d'une dizaine de personnes. Alors que nous menions un atelier de pratique adulte du texte libre, l'engagement dans l'écriture a suscité des questionnements et Lucie  a proposé cette pratique comme une alternative possible. Nous avons décidé de l'expérimenter et elle nous a menées à produire un écrit dont la valeur a été immédiatement perçue par chacune d'entre nous.
Lucie, peut-être lis-tu ce message et nous donneras-tu ton propre récit, notamment sur les consignes proposées pour déclencher les différentes phases d'écriture.

L'idée globale que j'ai retenue et proposée récemment aux élèves de 1ère, c'est d'écrire un cadavre exquis sans cacher la proposition du voisin ou de la voisine. On continue librement ce que la personne précédente a écrit.


La valeur de ce moment d'écriture ? nous mettre au contact rapidement les un·e·es avec les autres, proposer un cadre sécure qui garantit l'écriture de chacun·e, voir le résultat immédiatement et la puissance des possibles littéraires, à la fois dans les apports individuels et dans la production collective ainsi obtenue. Je garde un souvenir vif des impressions vécues il y a trois ans. Humour, absurde, rêverie : l'écriture, ainsi guidée uniquement par le mouvement collectif,  donnait accès à la sensibilité de chacune ; alors que la pratique du texte libre avait suscité quelque trouble, l'écriture collective rassurait, en procurant des émotions aisément partagées.   Au sein de la période limitée que constituaient ces quatre jours de stage, c'était une expérience fructueuse, non seulement par son contenu sensible mais également par la transformation des conditions de travail opérée par notre groupe. La pratique du texte libre avait été un moment de travail, l'expression des questionnements était un second moment. Puis avait suivi  le temps du texte libre collectif décidé collectivement .


J'ai revécu certains de ces effets avec les élèves à la toute fin de l'année.
L'atelier d'écriture qu'est le texte libre collectif a bénéficié de l'aisance échauffée au long de l'année par la pratique régulière du texte libre. J'ai  eu le sentiment que les diverses propositions d'écriture bénéficiaient d'une qualité d'écoute très fine, travaillée dans l'année par les lectures et les études de textes libres. Nous sommes repartis en nous offrant nos propres  textes où chacun avait écrit.