des façons de démarrer un cours

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Marlène Pineau
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des façons de démarrer un cours

Message par Marlène Pineau »

Un sujet d'échanges qui peut intéresser quelle que soit la discipline enseigner : à vous de partager vos façons de faire....
Concernant les débuts de séance, je pratique le quoi de neuf  en BTS depuis plusieurs années, avec plaisir et quelques satisfactions. Comme le réclamait un étudiant il y a quelques années, un jour où le Quoi de neuf allait passer à l'as : "un cours sans Quoi de neuf, c'est comme un repas sans apéro". Le quoi de neuf est un  temps d'expression totalement libre en terme de contenus et régulé uniquement par le cadre temporel (10 min) et les responsabilités (animation du QdN, prise de notes, tour de parole). Entrent dans la classe les émotions, les événements privés ou moins privés, etc. Je propose, quand cela me vient, des prolongements possibles en terme de recherches, questionnements, etc.  Il m'arrive d'en ajouter, si j'ai l'esprit d'escalier,  au moment de la fabrication du journal. Il arrive donc qu'une parole prononcée au Quoi de neuf ouvre sur un travail individuel ou collectif.

Je tente cette année le Quoi de neuf  en classe de 1ère au début de la séance hebdomadaire de deux heures.L'idée est de faire entrer rituellement dans la classe l'univers de références des jeunes, et de les faire s'exprimer sur cet environnement. L'activité diffère, pour le moment, du Quoi de neuf en BTS parce que j'ai explicitement demandé d'apporter des éléments appartenant à des productions culturelles (video, audio, biblio). Je ne suis pas sûre que cette distinction (entre QdN BTS et 1ère) garde longtemps un sens : un élève de 1ère vient de me dire en TI qu'il veut évoquer les catastrophes naturelles qui touchent les pays déjà victimes d'une grande misère. J'ai dit d'accord. La production culturelle associée, c'est un article de  presse.

Lorsque cette activité s'instaure dans la durée, elle entre en contact avec d'autres moments dans la classe, des choix de textes écrits dans la classe, des choix de lectures, la correspondance, mais c'est encore trop tôt pour l'affirmer concernant la classe de 1ère.

Le journal de classe .de cette première semaine garde trace des débuts du Quoi de neuf ? en classe de 1ère.

Marlène
GD85, secteur second degré, prof de français en 1ère et BTS
Marjorie Cohen
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Marjorie Cohen »

Un démarrage que j'aime bien, en latin, c'est la boite de vocabulaire. Concrètement, mes élèves ont une boite dans laquelle tout le vocabulaire commun est inscrit sur des petites fiches bristol : au recto le latin, au verso le français.
Il y a un tableau dans le classeur du groupe, ou bien affiché dans la salle, qui donne les rôles : celui qui distribue le matériel (photocopies ratées, coupées en 2, à prendre côté vierge, bien sûr) ; celui qui inscrit le vocabulaire au tableau ; celui qui passe avec la poubelle à la fin. Les rôles changent à chaque heure.
Concrètement, l'élève pioche et inscrit 10 mots au tableau, dans une langue ou l'autre (on souligne le latin), et chacun doit faire appel à sa mémoire pour trouver la traduction. Quand ils ont fini, ils ont droit d'ouvrir leur cahier pour s'autocorriger ; au bout de 10 minutes, on fait une correction commune. Comme ce n'est pas noté, ils le font volontiers (souvent ils se notent eux-mêmes, ce qui me désespère) et le vocabulaire finit par être bien mémorisé. L'inconvénient, c'est qu'il est décroché et donc il faut le réemployer souvent pour éviter la scolastique pure.
Pendant qu'ils sont occupés, ça me laisse le temps de faire l'appel et de switcher (ma tête et mon matos) vers ce nouveau cours ; et si je suis en retard, je préviens les surveillants qui les font entrer dans la salle et ils se mettent au boulot seuls.
Marjorie Cohen
Lettres Classiques
CLG Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Beaucamps-le-Vieux (Somme)
Marlène Pineau
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Marlène Pineau »

Merci Marjorie.

Je remets ici des liens qui fonctionnent (j'espère)
 vers le journal de 1ère..


et un journal en BTS.
GD85, secteur second degré, prof de français en 1ère et BTS
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Catherine Ramirez
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Catherine Ramirez »

Bonjour,
j'ai envie de lancer la pratique du quoi de neuf dans ma classe de1CAP, mais pour l'instant, je ne pense pas pouvoir leur demander de faire une production associée... vous me faites envie avec vos journaux de classe... je vais y réfléchir pour mes zaffreux.
PLP Lettres histoire géographie
84, Vaucluse
2021-2022 1CAP OL, 2MHR et TCOMVENTE
2022 2023 1CAP OL, TCAP OL, 1MHR
2023-2024 1CAP PSR, 2 BP GALT, TCAP OL, TMHR
Marlène Pineau
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Marlène Pineau »

Voici une expérience en CAP. En écho avec celle que tu nous raconteras, Catherine ?

Depuis un mois, dans la cité scolaire où j'enseigne, j'assiste chaque semaine à un cours de math en CAP. Une AESH suit trois ou quatre d'entre eux qui auraient dû avoir une place  en IME.


Lundi 28 mars, Delphine, ma copine prof de math-sciences, met en place  le premier quoi de neuf pour ce groupe de 11 garçons et une fille.

Delphine explique le fonctionnement : pas plus de 10 minutes, on s'inscrit, il y a un ou une responsable de l'animation qu'elle nomme "secrétaire",  Deux élèves ont l'air de connaitre déjà. Personne ne veut animer. Je me propose pour animer la première séance.
Nolan , Nolan, Noah, Milena, Ulysse et Julien s'inscrivent.
Nolan est allé au macdo et a pris un maxi best off.
Nolan a pris aussi un maxi best of au macdo avec des frites et il est allé voir des filles.
Léo lui demande si elles étaient bonnes....._  Les frites ? ajoute-t-il.
Ca a fait rire.
Noah est allé voir la tombe d'un copain. Delphine  lui a fait répéter plusieurs fois car on ne comprenait pas son expression : "je suis allé à "Latombe".... On croyait qu'il était allé quelque part.
Je lui ai demandé quand son copain était mort. "Il est mort il y a trois mois."
Karen l'AESH lui a demandé comment il s'appelle.  "Il s'appelle Lenny."
Karen trouve spontanément sa place dans cette activité nouvelle.
La nouvelle, grave, est entendue, accueillie. puis on passe.
Milena est aussi allée au macdo.
Ulysse est allé au restaurant et au cinéma. Il a vu Batman. Il a bien aimé.
Julien est allé faire un pique nique dans la forêt à Saint Florent des bois.


Pour ce premier quoi de neuf, tout le monde a parlé de son week end. La prochaine fois, on pourra parler aussi d'autres choses : une image, quelque chose vu sur son portable.

La règle ( une personne = une seule remarque ou  question) est acceptée. L'écoute est tout de  suite très forte.

Il n'a pas été question de math. Ce temps très court sert pour le moment de sas, d'installation, de mise en place de l'écoute.
suggestions pour la suite
parler de responsable de la prise de notes, du temps, de l'animation du quoi de neuf pour éviter les stéréotypes de genre même sur les noms épicènes (secrétaire)
conserver cette prise de notes faite pour le moment par les adultes. La conserver et y ajouter les Quoi de neuf à venir pour garder trace et éventuellement faire des liens.




Lundi 04 avril
Line, responsable dans le lycée de la MLDS assiste à la séance pour proposer des exercices de logique.

Pour gagner du temps pour la suite de la séance, Delphine demande aux élèves de placer les tables d'emblée en îlots. Cette mise en place se fait docilement ; elle suscite une remarque de Mathéo "c'est pour une réunion tipperware". Delphine ne relève pas. Ce commentaire sans gravité est signifiant. Matthéo exprime une distance critique avec le mouvement des tables : tout en s'y pliant il signifie qu'il ne détient pas le sens de cette disposition nouvelle.



Remarque
Gagner du temps est un scrupule d'enseignant.e qui peut paradoxalement parasiter la mise au travail et la question du sens du travail : la signification des gestes, des mouvements doit être partagée pour que le travail prenne sens. C'est à cela que servent les rituels, par exemple : ils sont portés et connus par tous également.


Les rôles du Quoi de neuf ont été donnés la séance d'avant :
responsable de la prise de parole : Ulysse
responsable du temps : Nolan.
Delphine lui demande de faire signe 10 min avant la fin de la séance. Nolan demande pour quoi faire. "Pour faire le bilan".


Noah : "Vendredi soir on est partis à Orléans voir de la famille.
Mme Pineau : "Combien de temps a duré le voyage ?"
"Je ne sais pas , j'ai dormi."
Milena propose des éléments de réponse à la question. Noah reprend la parole pour répondre : "On est parti vers 19h 20h et on est arrivé vers 8h-9h.
La réponse de Noah surprend Milena et d'autres qui se doutent que le voyage devrait être beaucoup plus court.


Remarque : cette situation pourrait motiver un questionnement plus précis et mathématique : quel moyen de transport a utilisé Noah ? sait-il s'il y a eu des pauses ? est-il bien parti le soir et arrivé le matin (possibilité d'une erreur dans les heures de départ et d'arrivée qu'il a données)


Mme Pineau : Je suis contente qu'il se mette à faire froid parce que j'ai semé dans mon jardin il y a une semaine et cela me fait une pause dans les arrosoirs à porter chaque jour.


Mme Lucas : Je suis contente car j'ai repris la course à pied (Delphine sort d'un covid bien fatigant) et j'ai fait un temps et une distance correctes.
- "C'est quoi pour toi un temps et une distance correctes ?"
- "11KM en 58min"
- "C'était de la marche à pied ?" demande Léo. Il pose sa question sérieusement, il n'a pas levé la main, la prise de parole s'est faite en aparte.
- Line (MLDS) : Moi j'ai fait 11km en trois heures.


Remarque : les profs avancent à peine masquées dans leur tentative d'orienter le Quoi de neuf vers les maths !!!


Line : "Je suis contente , ça fait 20 ans que je n'avais pas fait d'atelier de raisonnement logique et je suis contente de venir en faire avec vous."
"C'est quoi ?" demande Ulysse
Line : "qu'est-ce que vous a dit Mme Lucas à ce sujet la semaine dernière ?"
Personne ne répond. Delphine présente l'activité en énonçant les objectifs.


Léo : "J'ai regardé un film ce week end et j'ai passé le week end avec ma copine."
Ulysse en aparte " Et tu as fait quoi avec ta copine ?"
Mme Pineau : Quel film as-tu regardé ?
"Venom 2."


Ulysse est allé à Bordeaux dans sa famille et il a vu une exposition sur Venise.
Mme Pineau : "L'exposition sur Venise, c'était sur quoi ?"
"_C'était sur un mur, dans la base sous-marine."
"_L'exposition parlait de quoi ? de l'eau à Venise ?"
"_C'était sur l'histoire de Venise, je crois."


Suggestion : au prochain Quoi de neuf projeter quelques images pour le plaisir des yeux, pour montrer qu'on peut apporter des images au Quoi de neuf et pour montrer qu'on se souvient ensemble de ce qu'a dit Ulysse la semaine passée.


Le Quoi de Neuf a duré 7 minutes


remarque et suggestions
Dès ce deuxième quoi de neuf, il y a matière à proposer un travail mathématique.
cela peut se proposer de façon brève à la suite du prochain quoi de neuf :
"Au dernier quoi de neuf on s'était demandé ...."
Noah est allé à Orléans en combien de temps ?
Mme Lucas a fait 11km en 58min, elle marche ou elle court ? quelle est notre vitesse quand on court ?
"Qui est intéressé pour chercher une réponse durant la séance ?"
-ne choisir peut-être qu'une question
- si personne ne s'en empare, c'est que c'était trop artificiel, trop téléguidé, pas grave.
- si ça mord, donner la question rédigée sur une feuille et accompagner la recherche durant l'heure


Ritualiser en fin de séance un temps de bilan (= présentations) durant lequel, un ou deux élèves viennent présenter l'état de leur travail, assis.e à côté de la prof.
GD85, secteur second degré, prof de français en 1ère et BTS
Pauline Flores
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Pauline Flores »

(Message paru sur la liste 2nd Degré en attendant que mon inscription au forum se fasse et répondu par Marlène sur la liste, je copie sur le forum)

Bonjour à toutes et à tous, 

Merci pour cette transmission de Quoi de Neuf en maths science ! Je suis TZR en maths, actuellement avec des 6ème et 5ème et intéressée pour essayer !!
J'ai quelques questions : 
Dans le quoi de neuf évoqué, il apparaît des questions de maths et, Marlène, tu dis qu'on peut demander "qui est intéressé pour chercher une réponse durant la séance ?"
  • C'est à dire que c'est une séance "Plan de travail" où chacun programme ses activités ? 
  • Ou pas mais que font les autres qui n'ont pas décidé de trouver une réponse ? 

Je suis en train de réfléchir à la mise en place de Plan de Travail, et en relisant le dossier de l'ICEM 34, j'ai compris que le + du plan de travail était les projets personnels (créations et recherche mathématiques). Pensez-vous que lister les questions maths qui apparaissent dans les "Quoi de neuf ?" et les afficher dans la classe pour que cela devienne le projet personnel d'un élève pendant un plan de travail est intéressant ? 

Bonne soirée,
Secteur second degré, TZR en Mathématiques
Pauline Flores
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Pauline Flores »

Bonjour à toutes et à tous,
C'est la reprise pour ma zone et j'ai démarré avec des quoi de 9 avec mes deux 6èmes.
Je vous présente leur déroulé puis j'ai quelques questions à vous poser.

Voici comment je leur ai expliqué : "C'est un temps d'échange qui dure 10 min où l'on s'inscrit pour prendre la parole. Il y a une règle, une personne ne peut faire qu'une seule remarque ou question.".

****6ème 2 ****

Début de séance : nous avons 7 personnes inscrites et 10 min de temps. Une question émerge : Quel est le temps de parole de chaque personne ?
Les élèves commencent à réfléchir au calcul dans le brouhaha. Des réponses fusent, je ramène le calme et demande à la 1ère inscrite de prendre la parole.
[Les 6 élèves racontent leurs vacances, étant prof de maths, je vous mets juste les moments qui m'ont interpellé à ce niveau]

Kilynaa : est allée à la mer, raconte des activités.
Enola : où était la plage ?
Kilynaa : pas très loin, à 10h de chez nous.
La classe s’exclame mais c’est loin quand même.
Elle précise que leur logement était à 5 min de la plage.
Lenny C : « donc tu as fait 10h5 de voiture.
Leyana : Non 9h55.

[...]
Mme FLORES : est allée chez ses parents dans le Sud et a regardé les informations ce qu’elle ne fait pas chez elle. Elle a été surprise par une information de France 2 qu’elle a montré en vidéo. C'est une information qu’elle trouve très imprécise mathématiquement et dans le contenu.Elle explique pourquoi.
Les élèves ne sont pas tant intéressés, un élève comprend ce qui était « choquant » dans l’information, les autres attendent.

Le quoi de neuf s'achève. Des discussions persistent de part et d'autres.
Le quoi de 9 a duré 13 min.

**** 6 ème 6 ****

6 inscrits. Un élève en cours de quoi de 9 ne souhaitent plus participer et un autre souhaite participer. Nous procédons à l'échange. Je précise que plus tard on ne pourra plus changer.
Les élèves racontent leurs vacances.

[Je mets quelques extraits]

Mariano : Je suis allé chez mon père, j’ai été avec des amis. il raconte une dispute avec son père. J’ai dessiné. Chez ma mère, j’ai joué avec mon chaton et mon oiseau Saturne.
Mme FLORES : Pourriez-vous ns montrer des dessins la prochaine fois ?
Mariano : oui
Jules : pourquoi tu ns a menti sur Snap en disant que tu étais à la plage ?
Plusieurs personnes parlent en même temps. Ils commencent à dire qu'ils ont une conversation Snap et qu'ils parlent de politique.
Je mets fin à la discussion et on passe à l'élève suivant.
[....]
Melyna : On est allé chercher des poules. On en a 49 il ns en reste 15 car nous en avons donné. Chaque poule pond un œuf par jour.
Chloé : Ce n’est pas beaucoup.
Ilyes : Tu as combien d’oeuf par jour ?
Melyna : 1 (n’a pas compris la question)
Ilyes : Mais ce n’est pas possible avec 49 poules.
Il y a plusieurs questions en même temps, elle ne sait plus trop à qui répondre. Pendant ce temps j'essaie de prendre des notes et d'organiser la parole. J'entends Chloé poser une question alors que j'avais dit que c'était Ilyes. Je lui fait remarquer mais elle me dit que Melyna lui a donné la parole. Je laisse l'échange se poursuivre puis donne la parole à Ilyes.

Durée du quoi de 9 : 11 min

**Fin**

Mes questions et impressions. 
  • Je n'ai pas compris la règle énoncée dans le message de Marlène : "une personne = une remarque ou une question."
est ce que cela veut dire que pour chaque intervention une seule remarque ou question peut être posée?  Certains échanges ont été long car il y avait beaucoup de question intéressantes et on aurait peut être pu aller vers un pb mathématique, par exemple avec les poules et les oeufs. je me demande s'il vaut mieux couper après une remarque ou question quitte à y revenir plus tard ou laisser le débat s'installer pour peut etre arriver à un problème mathématiques ?
Autre idée : Rebondir sur ce sujet pour trouver un problème avec des oeufs et demander à Melyna si elle souhaite nous faire un petit exposé sur les oeufs et les poules car elle s'est lancé dans des explications sur les chapelets etc... c'était très intéressant et les élèves intéressés !
  • Je n'ai absolument rien délégué et je me suis noyée entre ma prise de note et la gestion de la participation. Prochain quoi de neuf, je ne souhaite pas gérer la participation, je pense à faire  :
    - soit un bâton de parole qui circule mais auparavant bien expliciter la règle des questions/remarques.- Soit un-e animat-eur-rice qui gère le changement de participant et l'écoute de la classe, et l'élève participant au quoi de neuf gère ses questions.
  • Comment gérer le temps ?!! J'ai utilisé mon téléphone pour mettre le minuteur à 10 min. J'ai été un peu perturbé quand il a sonné et que l'élève ou moi-même n'avaient pas fini, nous avons quand même terminé le tour mais le délais n'a pas été respecté.
Je me demande s'il faut limiter le nombre d'inscrit ou bien est ce à l'animateur-rice de couper quand cela s'éternise ? ou bien la règle de 1 personne = 1remarque / 1question sert à justement limiter les débordements de temps ?
  • Sur le coup j'ai été frustrée d'avoir loupé la question de maths sur le temps de parole dès le début de l'annonce du quoi de neuf avec les 6ème 2. Puis maintenant, je me dis que c'est mieux d'y revenir au prochain cours car ils étaient trop excités de faire le quoi de 9 pour que le travail soit correctement fait.
  • Ma participation avec ma vidéo de France 2 au quoi de 9 n'était pas terrible, je suis restée dans mon cadre et mon attitude de prof de maths et cela n'a suscité aucune curiosité, peut être que j'aurais dû juste dire que j'étais surprise et outrée de voir de telles informations passées sur une chaîne et attendre leur question ? De plus la notion était plus du niveau 3ème...
Merci pour votre lecture et, j'espère, vos réponses !
J'ai été ravie d'avoir ces temps d'échanges avec eux, cela fait tellement de bien de faire entrer un peu de vie dans la classe ! Je vais poursuivre avec mes 5èmes demain !

Belle journée,
Secteur second degré, TZR en Mathématiques
Marlène Pineau
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Marlène Pineau »

Bonjour Pauline,

Il s'est passé beaucoup de choses en si peu de temps !
Déléguer des responsabilités devient une nécessité, tu l'as bien senti.
"Une personne = une question." cela signifie qu'une personne ne peut poser qu'une seule question, pour éviter que s'instaure un dialogue entre deux personnes seulement qui exclue le reste de la classe et pour garantir un rythme soutenu. J'essaie de distinguer (autant que possible) les temps de quoi de neuf, des temps de débats-discussions qui sont des modalités de travail différentes.
Il arrive que les 10 minutes de quoi de neuf ne soient pas occupées, il arrive au contraire qu'on doive fermement arrêter au terme des d10 minutes, et c 'est pour cela que les règles sont strictes : pour aider à s'arrêter le plus nettement possible. Il arrive que des sujets soient reportés à la séance suivante. On note : "untel ou unetelle s'exprimera en premier au prochain quoi de neuf".
Afin de limiter les frustrations, il faut écrire et différer : écrire si b esoin  qui parlera en 1er au prochain quoi de neuf
                                                                                     noter  les sujets, pour les proposer à un autre moment si ce sont des occasions de travail, en prenant le temps de mettre en valeur la piste possible
                                                                                      écrire ce que tu as détaillé là dans ton cahier pédagogique, pour toi, pour ajuster la mécanique la prochaine fois et pour voir combien l'expression de tel ou telle élève va s'affermir, ou au moins se modifier. On oublie tellement vite les événements minuscules qui pourtant nous signalent la participation authentique des élèves à ce qui se passe en classe.
GD85, secteur second degré, prof de français en 1ère et BTS
Alessandra Bilani
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Alessandra Bilani »

Je commence mon premier cours de la semaine avec chaque classe toujours avec un quoi de neuf. Je rentre en classe, j'installe mon ordi et le projecteur pour projeter le Google Doc dans lequel je note ce que les élèves disent. Pendant cette installation, quelques conversations informelles peuvent avoir lieu et je prends les présences.
Le quoi de neuf se passe dans la langue cible, le néerlandais. Dans certaines classes, je pose des questions pour qu'ils se lancent. Dans d'autres, j'interviens quasi pas. Ce moment prend en moyenne 10 minutes. Après je peux vérifier s'ils ont compris tout ce qui a été dit en demandant des traductions de certains mots ou phrases par exemple. De temps en temps, j'imprime cette prise de note et je l'utilise comme matériel pour le cours. Pour répéter les dialogues et travailler l'intonation, pour voir un problème grammatical, pour introduire un thème,...
Après le quoi de neuf, on discute du programme de la semaine. On note qui fait quoi, qui présente quand,...Et on se met au travail!
membre d'Education populaire (mouvement belge francophone) - professeure de néerlandais dans une école secondaire Freinet à Bruxelles - niveau lycée
Marjorie Cohen
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Re: des façons de démarrer un cours

Message par Marjorie Cohen »

(copie de mon message envoyé sur la liste 2d)

Je ne sais pas si les professeurs de langues modernes rencontrent les mêmes problèmes que moi, mais j’ai toujours eu du mal avec l’enseignement de la civilisation. L’apprentissage de la langue ne m’a jamais posé aucun problème, mais la culture, si – et de fait, à mon image, j’ai beaucoup d’élèves qui aiment la langue latine tout en négligeant la part d’histoire qui l’accompagne. 
 Pourtant, certains de mes élèves arrivent avec des connaissances en mythologie, en archéologie, en histoire, qu’ils rêvent d’explorer plus avant ; ils ont toujours des questions sur la nourriture, les habits, l’armée. C’est mon scrupule, mon petit caillou, que de laisser de côté cette envie, juste parce que je ne sais pas faire. 
L’entretien en échec 
Dans ma pratique Freinet, l’entretien est l’institution que j’ai le plus longtemps repoussée, parce que je percevais bien tous les dérapages qui pouvaient survenir dans un collège comme le mien, toutes les colères qu’il pourrait susciter. Alors, pour une fois, au lieu de faire mon bulldozer et d’entrer dans une technique en fracassant la porte, je me suis préparée ; j’ai assisté, au congrès de Bétheny, à l’atelier sur la clé de l’entretien ; j’ai lu la brochure ICEM sur le sujet, les articles disponibles sur le site de l’ICEM, un témoignage de Mathieu sur son blog – qui doit désormais se trouver aussi dans S’engager en pédagogie Freinet au 2d
Comme à chaque fois qu’on met une nouvelle technique en place, même bien préparée, il y a des ratés. Les Quid nobi sub sole ? démarrent bien, avec des élèves qui ramènent des objets, des livres, des idées… et puis, parce que je ne sais pas encore comment passer du recueil au travail, ils s’éteignent en une litanie de faits scolaires (« J’ai oublié mon cahier », « X est absent », « Nous n’aurons pas cours mardi », etc.) Je n’arrive pas à relancer. L’institution est devenue stérile et c’est de ma faute, mais je ne la lâche pas, elle reste. 
En février dernier, lors d’un stage AREM (Groupe régional Haut-de-France), je discute avec Nicolas, prof en UP2A à Roubaix, qui me raconte son travail avec de la pâte à modeler. L’idée naît là : puisqu’on n’a pas d’objet à présenter, on va les fabriquer. D’ailleurs, je sais que Léna pratique le texte libre en Histoire, je dois bien pouvoir explorer cette piste aussi : pourquoi se limiter à l’écriture en latin ? 
Première séance 
Et donc, mardi, c’était la toute première séance de latin des 5[sup]e [/sup]; dernier cours de la journée, au bout d’une rentrée particulièrement éprouvante cette année. D’abord, nous sommes restés dans la cour, le temps de faire connaissance : Mihi nomen est Marjorie, quod nomen tibi est ? Puis nous sommes montés dans ma salle ; nous avons vérifié les horaires et le matériel nécessaire ; fait le point sur les 3 règles non négociables (On travaille / On chuchote / On respecte autrui). 
 Puis est venu le Fabrica/Scriptorium (Atelier / Ecritoire). La consigne ? Une création libre sur le sujet suivant : l’Antiquité. Ils pouvaient écrire un texte (en latin ou en français) ou fabriquer quelque chose. J’ai sorti un dictionnaire de Français-latin, des feuilles blanches A4 et A3, des feutres, des craies grasses, du papier de couleur… et de la pâte à modeler. Il leur restait 20 minutes. 
Du côté des dessins, j’ai pu voir trois Jules César, un Auguste et une Cléopâtre ; un vase ; un chantier de fouilles avec pelle et un bulldozer ; un bâtiment qui ressemble à un château-fort ; un centaure. Je n’ai pas eu besoin de dire grand-chose, ces élèves-là étaient déjà très décidés. S m’a seulement demandé si les centaures étaient gentils ou méchants, et je devine qu’il y a du Harry Potter là-dessous. Je l’ai laissé décider elle-même de leur caractère – méchants, c’est officiel. 
En pâte à modeler, ça a été d’abord un joyeux bazar, tant le plaisir de la matière sous la main était évident. J veut faire un vase et n’aime pas sa réalisation, qui ressemble à une bouteille : je lui conseille d’ajouter deux anses, et le voilà avec une amphore. L veut un trident, l’attribut de Poséidon/Neptune. C qui n’a pas d’idée, copie L, mais se trompe : sa fourche n’a que deux dents ; je l’envoie vers l’affiche des dieux pour qu’il trouve à qui elle appartient, et il repère Hadès/Pluton. P tente d’abord de faire un Colisée, mais se rabat sur un trident car elle n’y parvient pas. 
Sois prof et tais-toi 
C’est côté texte que le plus intéressant se produit. L m’appelle : son texte parle des chevaliers, est-ce qu’elle est bien dans le thème ? Je me mords la langue pour ne pas répondre et lui renvoie sa question : est-ce ainsi qu’elle conçoit l’Antiquité ? alors elle est dans le thème. Pas de jugement sur les créations libres, sinon les élèves n’osent plus, et sans ces audaces, pas de travail authentique. Je corrigerai son point de vue, bien sûr, mais plus tard ; avant, on aura besoin d’en discuter collectivement. 
Chez K, c’est encore plus beau. Après deux minutes, il m’appelle : il a fini. Sur son cahier, une seule ligne : « L’Antiquité c’est Jésus Christ et Jules César. » Là encore, je botte en touche : c’est qui, Jésus ? et Jules César ? A cette table de quatre, le dialogue qui suit est incroyable : 
K : C’est qui, Jésus ? 
M : Euh, Jésus ? Je sais pas. 
C : Mais enfin ! Jésus, c’est Jésus Christ ! 
K : Oui, mais c’est qui ? 
C : Ben c’est Jésus quoi… tu sais, c’est l’an zéro ! 
Je fronce les sourcils : ça existe, l’an zéro ?  
C : Euh oui, enfin non… Mais Jésus, quoi ! Tu vois ? 
Non, il ne voit pas. K me sollicite à de multiples reprises, posant des questions auxquelles j’évite de répondre. Au final, il écrit une demi-page, dans laquelle on apprend que l’Antiquité, outre Jésus et Jules César, c’est également deux guerres mondiales, dont une en 14-18. Il me regarde : « Madame, est-ce que j’ai beaucoup écrit ? » Je devine qu’il en fait rarement autant, mais là encore, je lui retourne sa question : « Je ne sais pas, ça dépend. Est-ce que c’est beaucoup pour toi ? » Il regarde son texte, éberlué. Il n’en revient pas de l’avoir produit. 
Bilan 
Au final, il y a tout dans ces créations initiales : mythologie (Neptune, Pluton, les centaures) ; religion (païens/chrétiens) ; histoire romaine (César, Cléopâtre, Auguste) ; archéologie (vase, amphore, chantier de fouille, architecture) ; géographie (Rome, Grèce, Egypte, Judée, empire, commerce) ; on va aussi pouvoir travailler la chronologie et avec elle, les notions de latin archaïque/classique/médiéval/néo-latin. En termes d’apprentissage de la civilisation antique, jamais je n’ai tenu en mes mains une palette aussi large, et c’est eux qui me l’ont donnée. 
Pour les séances suivantes, ils vont présenter leurs productions ; on va pouvoir confronter les points de vue, créer des déséquilibres qui lanceront les recherches et aboutiront à rectifier les conceptions erronées. A l’heure où j’écris, je m’interroge encore sur la correction à apporter aux textes : je ne crois pas pouvoir laisser cela dans les cahiers sans commentaire. Mais quand et comment ? 
Marjorie Cohen
Lettres Classiques
CLG Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Beaucamps-le-Vieux (Somme)
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