L’Epopee, ou comment s’en mettre plein les poches avec la Edtech…

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Hervé Allesant
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L’Epopee, ou comment s’en mettre plein les poches avec la Edtech…

Message par Hervé Allesant »

"J'ai reçu plusieurs messages de copains, de parents, autour de ce "village de l'innovation pédagogique". https://madeinmarseille.net/86079-epopee-village-innovation-educative-uartiers-nord/

Comme les gens savent que je travaille de manière innovante dans ma classe, c'était couru d'avance.

Sauf que non. Ne nous laissons pas avoir. On pourra parler d'inclusif, de publics défavorisés, on le sait. Ce type de projet ne rapporte de l'argent et ne crée de richesses que pour ceux qui le lancent... La vraie innovation doit avoir lieu pour le grand public, à savoir dans l'école du peuple, l'école publique. Et pas de la façon dont M. MACRON voulait le faire, à savoir de débrider l'école du commun pour en faire une sorte de start-up pédagogique.

D'ailleurs, de façon assez étonnante, alors qu'un projet similaire s'est cassé la gueule de façon très spectaculaire à quelques kilomètres d'ici, à savoir le campus "The Camp" à Aix en Provence, https://www.blast-info.fr/articles/2021 ... 9TSF0VOc_Q on reproduit de la même manière ce type de fonctionnement à Marseille, dans les quartiers nords.

Alors je vous explique pourquoi ça pue un peu du cul ce type de projet : je crée, avec des copains bien connectés (au sens qui ont du réseau d'influence chez les décideurs) une association. Je fais en sorte que cette association, de part ses statuts, puisse capter le maximum de financement publics. Comme on part du constat que l'école inclue mal (alors que les solutions existent, il y a juste une volonté politique de ne pas les mettre en place), on dit qu'on va faire ça, aider l'école à innover, voire créer une école "alternative"...

Comme il existe de l'argent public pour promouvoir des "pépinières" de projets "innovants", je crée un espace de co-working, et j'aide des jeunes porteurs de projets à monter leur assoc. Leur association me paie un loyer, pendant que moi je touche des aides pour le fait de les avoir hébergés... Quelques temps après, leur projet se casse la gueule, vu qu'à la base il était bidon, mais c'est pas grave. Pour rien (la déclaration au Journal Officiel étant gratuite depuis 2020) je ponds des statuts génériques, en essayant de faire en sorte que je mette dans l'objet de l'association tous les "buzz words" qu'on m'aidera à rédiger, grâce au réseau mis en place par la pépinière... En deux temps trois mouvements, je demande une aide à la Région, à l'Etat, à l'Europe, et si j'ai bien été conseillé, je peux faire rapport sur rapport, au frais du contribuable, sur le fait que "j'innove", et je me verse un salaire, pour deux trois ans, jusqu'à ce que ce projet se casse la gueule à nouveau. On rince, on répète, et si j'ai assez de contacts et de gouaille, je pourrais même finir élu public ou dans un conseil d'administration d'une grosse boite vu l'expérience accumulée en innovation.

Dans les faits, si vous regardez ce qui est produit par ce type d'endroits, on est dans le truisme et dans l'enfonçage de portes ouvertes : On travaille mieux en classe avec du matériel adapté, l'enfant apprend mieux si on est moins en classe, les enseignants sont plus efficaces s'ils sont deux en classes, le numérique, c'est bien mais c'est pas non plus la solution à tout... Bref, exactement le type de conclusions à la con qu'à pondu Alvarez avec les sous de Total (c'est pas moi qui le dit, c'est les chercheurs https://www.cairn.info/revue-du-crieur- ... ge-102.htm).

Donc voilà, ne tombez pas dans le panneau... Comme le disent les économistes, "il n'y a pas de repas gratuit". Ces mecs là ne sont pas des altruistes, persuadés qu'ils vont révolutionner l'école pour tous les élèves. Et s'ils y croient, alors c'est encore pire... Ne jamais oublier que l'innovation à l'école n'aura aucun sens si elle ne s'adresse pas à tous et à chacun. 

L'innovation pédagogique sans luttes des classes, c'est de la Edtech..."
GD13 - membre du comité d’animation - chantier BTj - chantier des outils informatiques - Enseignant en classe unique urbaine à Marseille.
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